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Vladislav Galard, les habits neufs de l’« acteur à perruques »

Quel est le secret de Vladislav Galard ? A quoi tient le charme d’un acteur qui, en une quinzaine d’années, s’est imposé, discrètement, comme un des grands du théâtre français ? Peut-être au fait de savoir garder ses portes dérobées, justement. L’homme assis en face de vous dans un petit bureau de La Comédie de Valence, sa longue, très longue silhouette calée autant que possible sur une chaise en plastique, cultive une pudeur qui ne se démentira pas. Aucun stigmate de cabotinage chez lui.
Et pourtant, il a marqué de son empreinte toutes les aventures théâtrales qu’il a traversées. Et ce depuis 2009 et le mémorable Notre terreur, le spectacle de Sylvain Creuzevault sur la Révolution française, dans lequel il incarnait Saint-Just, en s’attachant à faire miroiter toutes les facettes de celui que l’on a surnommé « l’Archange de la Terreur ». Il en a été de même dans les spectacles de Jeanne Candel et de Samuel Achache, à commencer par ce Crocodile trompeur (2013) qui a révolutionné le théâtre musical avec une liberté folle, et que Vladislav Galard a habité en clown-poète-musicien magnifique.
Puis, à nouveau, chez Sylvain Creuzevault, en compagnie de Dostoïevski ou de Peter Weiss. Et, désormais, avec l’auteur et metteur en scène Marc Lainé, qui lui offre une partition encore toute différente, dans le diptyque constitué par Nos paysages mineurs et En finir avec leur histoire – une sorte de musique de chambre, après les pièces symphoniques et éruptives de Creuzevault.
Vladislav Galard, qui doit son prénom slave à une mère tchèque, est arrivé au théâtre assez tard, après bien des tours et des détours. Il est né en 1976 à Istanbul, avant de vivre à Mexico et Amsterdam : son père, Jean Galard, philosophe spécialisé en histoire de l’art, auteur notamment d’un essai intitulé La Beauté du geste (Presses de l’Ecole normale supérieure, 1984), dirigeait des instituts culturels français à l’étranger. « J’étais un enfant solitaire, déphasé. Ma passion première, c’est la musique. J’ai commencé le violoncelle à 9 ans, et n’ai cessé d’en jouer depuis », raconte le comédien avec cette voix de basse qui n’est pas sans évoquer cet instrument, dont il semble épouser la tessiture émotionnelle.
Pas question pourtant pour ses parents de le voir embrasser une vie de saltimbanque. Vladislav Galard a fait math sup et math spé, il était aussi doué pour cela, et il est entré à l’Ecole polytechnique. Et c’est là qu’une autre graine a été plantée. « J’y ai découvert l’improvisation, avec un professeur qui pratiquait l’impro à la québécoise : une discipline en soi, avec des matchs que l’on dispute sur une patinoire. L’exercice m’amusait, et ce professeur m’a dit que j’avais sans doute quelque chose à jouer là-dedans. »
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